Pour certains, la production d’hydrogène bleu, est vue comme une alternative à l’hydrogène gris. Pour rappel, sa production, à partir de gaz naturel, est associée à une étape supplémentaire de compensation par rapport à l’hydrogène gris. Il s’agit du captage de CO2 et du stockage sous terre d’une partie des gaz à effet de serre émis par sa production. Malgré une baisse des émissions de CO2, ce processus de production d’hydrogène bleu afficherait un taux d’émissions inférieurs de seulement 9 à 12% par rapport à l’hydrogène gris.
Deux chercheurs de l’université de Cornell et de l’université de Stanford avertissent les décideurs politiques sur le fait que l’hydrogène bleu n’est pas si propre qu’il n’y paraît !
En effet, dans l’étude How Green is Blue Hydrogen, parue le 12 août dans la revue Energy Science & Engineering, ces 2 chercheurs, Robert Howarth et Mark Jacobson, montrent que l’hydrogène bleu fabriqué à partir du vaporeformage de gaz naturel mais pour lequel le dioxyde de carbone émis est stocké sous terre comme dans d’anciennes poches géologiques de gaz ou de pétrole vides aurait une empreinte de gaz à effet de serre 20% supérieure à celle de la combustion de gaz naturel ou de charbon pour le chauffage. Et jusqu’à 60% supérieure à celle de la combustion de gazole pour le chauffage.
Pourquoi pas si propre ?
Malgré le fait que le carbone soit capturé et stocké sans s’échapper, les 2 scientifiques estiment que des fuites de méthane restent importantes du fait de l’utilisation d’électricité produite à partir de gaz naturel lors du captage du CO².
Certains pays comme la Russie, viennent de présenter une feuille de route avec une production d’hydrogène bleu à partir de gaz naturel et de charbon avec des objectifs d’exportation. Le Royaume-Uni vise également dans son « plan industriel vert » annoncé fin 2020, des installations de production d’hydrogène bleu avec stockage de CO² en mer du Nord.
A ce jour, il n’existe que 2 sites de production d’hydrogène bleu à une échelle commercialisable ; Shell au Canada et Air Products au Texas.
Pour Robert Howarth et Mark Jacobson, « seul l’hydrogène vert produit par électrolyse alimenté en électricité renouvelable peut remplacer les énergies fossiles. Pour « sauver notre climat » il faudrait donc alimenter le processus d’extraction du méthane (vaporeformage et captage de CO²) uniquement en électricité verte, issue de sources renouvelables (éolien, solaire ou l’hydroélectricité).
Pour revoir l’émission H2H24, « Les couleurs de l’hydrogène » : ici