Bus, camion, train, bateaux et même avion… Les constructeurs automobiles qui se sont lancés dans l’hydrogène essaient de placer leur technologie dans tous les secteurs de la mobilité pour amortir les coûts et répondre aux besoins des industriels.
Toyota, Hyundai, General Motors et Honda sont les quatre acteurs de l’automobile qui ont compris qu’il fallait élargir à d’autres marchés leur technologie. Le géant japonais est sans doute le premier en avoir pris conscience. A travers son partenariat avec Energy Observer, le catamaran français à hydrogène, Toyota a en effet mesuré que ses piles à combustible pouvaient aider le secteur maritime à réduire son empreinte carbone. Et les milliers de milles nautiques parcourus par le bateau ont été un banc de test incomparable. Satisfait de ce partenariat, le fabricant de la Mirai a d’ailleurs décidé d’investir dans EODev, la filiale d’Energy Observer qui produit des solutions à base d’hydrogène (prolongateurs d’autonomie pour bateaux, groupes électrogènes à l’hydrogène comme celui qui a permis d’éclairer la Tour Eiffel le 25 mai dernier). C’est sa pile à combustible qui constitue le cœur de la technologie. En fait, Toyota a l’ambition est de multiplier par 10 les ventes de piles à combustible à court terme. Le groupe a augmenté ses capacités de production afin de pouvoir adresser justement de nouveaux marchés, tout en abaissant les coûts.
Toyota a monté une organisation en Europe
En fin d’année dernière, la marque japonaise a d’ailleurs décidé de forme un groupe de travail (Fuel Cell Business Group) au siège européen, près de Bruxelles. La vocation de cette structure est d’élargir l’usage de la pile à combustible dans d’autres domaines de la mobilité, comme les camions et les bus (domaine que Toyota connaît pour être partenaire du fabricant portugais Caetano). Si les premières applications arrivent dans les bateaux (le yacht New Era du français Hynova fait appel à un prolongateur d’autonomie EODev), des tests vont commencer dans les trains et à bord des bateaux. Dans le cadre du projet FCH2Rail (Fuel Cell Hybrid Power Pack for Rail Applications), qui a démarré début 2021 et va se poursuivre jusqu’en 2024, l’industriel japonais va fournir les packs de piles à combustible qui seront utilisés par des prototypes en Espagne et au Portugal. L’objectif est de développer un train bi-mode, capable de rouler en électrique quand la ligne dispose de caténaires et avec de l’hydrogène quand elle n’est pas électrifiée. En Europe, le groupe de travail souhaite travailler avec des industriels, les pouvoirs publics à l’échelle nationale et locale, ainsi qu’avec les organisations en charge de l’hydrogène. Au Japon, le même schéma a été adopté. Le constructeur propose aussi des modules de piles qui se destinent à la mobilité (camions, bus, trains et bateaux) et aux applications stationnaires. Au total, 4 modules ont été développés avec une pile en position horizontale ou verticale et en deux versions de puissance (60 ou 80 kW). Ces ensembles intègrent l’alimentation en air et en hydrogène, l’électronique de puissance et le refroidissement.
Hyundai a créé sa marque
Le groupe coréen a aussi décidé de diversifier son offre. Il a déjà commencé à investir le marché du camion en décrochant un marché de 1 600 poids-lourds en Suisse, à travers une offre qui comprend le leasing, la production et la distribution d’hydrogène vert. Un modèle qu’il entend décliner dans d’autres pays. Et il a carrément créé une marque dédiée à sa pile à combustible qui a pour nom H two (H2 en anglais). Le constructeur coréen, qui propose un SUV à hydrogène (le Nexo), et qui a développé par ailleurs un camion XCIENT Fuel Cell et un bus H2, veut désormais élargir sa cible. Il souhaite proposer sa technologie à d’autres industriels pour des applications dans l’automobile, mais aussi les bateaux, les trains et les drones. Hyundai promet d’ailleurs l’arrivée d’une pile de nouvelle génération plus performante, à l’architecture plus légère et surtout plus abordable. Souhaitant développer l’écosystème autour de l’hydrogène, le constructeur coréen va concentrer son offre sur les pays les plus porteurs. C’est à dire : la Corée, la Chine, les Etats-Unis et l’Europe. En France, un fabricant de groupes électrogènes a d’ailleurs décidé de faire appel à sa technologie. Il s’agit de H2SYS, une PME de Belfort qui a développé une gamme de produits destinés aux conteneurs frigorifiques, ainsi qu’à destination des professionnels des travaux publics, de l’événementiel et des services de secours mobile. La société entend répondre à d’autres besoins d’applications. C’est pour cela qu’elle fait appel à Hyundai, qui a une technologie de pointe. Elle veut développer grâce à lui « le groupe électrogène à hydrogène le plus efficace et le plus fiable du marché mondial ». H2SYS entend fabriquer davantage de groupes électrogènes, qui seront livrés à des clients clés d’ici 2021 et 2022.
GM et Honda travaillent ensemble
Un autre pionnier de l’hydrogène, l’américain General Motors, a décidé de s’associer au japonais Honda pour créer une coentreprise en 2017. Elle a pour nom Fuel Cell System Manufacturing (FCSM). Elle fait parler d’elle ces derniers temps car elle commence à multiplier les annonces. Par l’intermédiaire de GM, qui produit des piles à combustible en série dans le Michigan, sous le nom Hydrotec, des contrats ont été signés dans le poids-lourd avec Navistar, dans le ferroviaire avec le fabricant de locomotives Wabtec et plus récemment dans l’aéronautique avec l’allemand Liebherr-Aerospace. Le géant américain planche même en partenariat avec Lockheed Martin sur la prochaine génération de rovers qui transporteront des astronautes sur la surface de la lune. Ils rouleront à l’hydrogène. Pour sa part, Honda entend bien s’appuyer sur la coentreprise avec General Motors. Elle entend aussi appliquer son savoir-faire en matière d’hydrogène dans le poids-lourd et pour des applications stationnaires.