Même si le marché va démarrer par la mobilité lourde (utilitaires, bus et camions), les fournisseurs du secteur auto sont en train de s’organiser pour répondre à la demande et accompagner la transition énergétique.
Le saviez-vous ?
Dans une voiture, la part du constructeur est faible puisque ce sont les équipementiers (autrement dit les sous-traitants) qui représentent entre 70 et 80 % de la valeur ajoutée. Ce sont eux qui apportent la technologie. Ces industriels, dont la taille est variable, interviennent généralement dans le secteur de la mobilité au sens large. C’est pour cette raison qu’ils commencent à s’organiser pour devenir des acteurs de référence dans l’hydrogène, au niveau de la pile à combustible et/ou du réservoir. Même si certains constructeurs auto ont déjà une offre (Honda, Hyundai, Renault, Toyota en attendant PSA, Audi et BMW ainsi que certains constructeurs chinois), c’est dans le bus et le camion que les besoins se font sentir. Les équipementiers ont investi en conséquence pour acquérir des compétences, coopérer avec des entreprises spécialisées ou les racheter le cas échéant.
Bosch
Le groupe allemand, Bosch, qui travaille en priorité sur les poids lourds dans l’hydrogène, a conclu un partenariat avec le fabricant chinois de moteurs Weichai Power pour travailler sur une pile à combustible. Il a aussi comme partenaire le fabricant suédois de piles à combustible Powercell, dont il détient une partie du capital. Leurs piles produites en commun seront lancées sur le marché en 2022 et seront destinées dans un premier temps aux véhicules lourds. Elles devraient équiper 1 camion sur 8 dès 2030. Bosch est notamment un fournisseur de la start-up américaine Nikola Motor, qui développe des camions H2 et électriques. De façon plus surprenante, Bosch souhaite également utiliser l’hydrogène dans les moteurs à combustion interne pour les voitures.
Faurecia et Michelin
En partie détenu par le groupe PSA, Faurecia est un fournisseur qui a une expertise du réservoir à hydrogène. Il a aussi travaillé sur la pile à combustible. L’équipementier s’est rapproché d’un grand nom de l’industrie automobile, Michelin. Le fabricant de pneus s’intéresse depuis des années à l’hydrogène et a investi dans Symbio, un fabricant français de piles à combustible qui fournit un prolongateur d’autonomie à Renault pour le Kangoo Z.E et le Master Z.E (dans leur version Hydrogen). Les deux industriels ont décidé de créer une co-entreprise (SYMBIO A FAURECIA MICHELIN HYDROGEN COMPANY) regroupant l’ensemble de leurs activités dédiées à la pile à hydrogène. Leur ambition est de devenir un leader mondial de la mobilité hydrogène. Détenue à parts égales entre les deux groupes, la structure est chargée de développer, produire et commercialiser des systèmes de piles à hydrogène pour les véhicules légers, utilitaires et les poids lourds. A noter que Faurecia a installé son centre mondial de recherche sur les réservoirs à hydrogène en France à Bavans (Doubs).
Plastic Omnium
Spécialiste des réservoirs, Plastic Omnium investit depuis trois ans dans l’hydrogène. Il y a déjà consacré au moins 200 millions d’euros. Outre la construction du site de recherche Deltatech, l’équipementier a pris une participation dans PO-Celltech (une start-up israélienne travaillant sur la pile à combustible), créé un centre de recherche dédié à Wuhan en Chine, et racheté deux petites sociétés spécialisées, la belge Optimum CPV et la suisse Swiss Hydrogen. L’équipementier a décroché en 2019 un premier contrat auprès d’un constructeur allemand, portant sur 5 000 réservoirs à hydrogène destinés à équiper 1 000 bus. Plus récemment, il a reçu une nouvelle commande pour le constructeur de poids lourds néerlandais VDL. Plastic Omnium vient de s’associer avec ElringKlinger, un spécialiste allemand de la pile à combustible. Les deux groupes ont décidé de créer une société commune qui aura pour nom EKPO Fuel Cell Technologies. Elle sera détenue à 60 % par ElringKlinger et à 40 % par Plastic Omnium. L’industriel allemand apportera son activité de piles à combustible, plus de vingt ans de savoir-faire et des capacités de R&D permettant un large potentiel de développement. Pour sa part, Plastic Omnium investira 100 millions d’euros dans la nouvelle entreprise, afin d’accélérer l’innovation, développer de nouvelles opportunités commerciales et augmenter les capacités de production.
Et les autres ?
Continental
L’équipementier allemand a inauguré outre-Rhin un laboratoire dédié à la pile à combustible, ouvert en coopération avec l’Université technique de Chemnitz. Il estime que les piles à hydrogène sont en passe de devenir un élément important de l’avenir de la mobilité. Le groupe intensifie donc sa recherche dans le domaine.
Denso
Filiale de Toyota, l’un des pionniers dans l’hydrogène, l’équipementier japonais fournit notamment des capteurs et l’électronique de puissance qui accompagnent les piles à combustible, ainsi que les systèmes de contrôle pour le remplissage d’hydrogène.
Mahle
Spécialiste d’équipement pour les moteurs, l’équipementier allemand travaille depuis déjà un certain temps sur l’hydrogène. Il vient d’ailleurs d’installer un centre de test pour cette technologie à Stuttgart. Récemment, il s’est associé au fabricant de piles à combustible canadien Ballard. Ils vont ensemble concevoir des piles destinées aux utilitaires et poids lourds. L’objectif est de développer et de fabriquer des systèmes complets de piles à hydrogène pour les marchés américains, européens et asiatiques. Ballard sera responsable de la conception du système de pile à combustible tandis que Mahle interviendra dans les domaines de la gestion thermique, de l’électronique de puissance et de la sécurité du conditionnement de la pile.