Dunkerque : un spot emblématique de l’hydrogène

La cité de Jean Bart, qui a accueilli les Journées Hydrogène dans les territoires, est engagée à fond dans la décarbonation. Elle mise avant tout sur l’industrie mais n’oublie pas pour autant la mobilité.

France Hydrogène

Dunkerque, qui vise la neutralité carbone en 2050, n’hésite pas à parler de « Dkcarbonation ». Il faut dire que les Hauts de France sont la première région française en matière de CO2. Le bassin dunkerquois représente à lui seul 1/5e des émissions de CO2 industrielles du pays. En accueillant les journées de France Hydrogène (reportées à plusieurs reprises en raison du Covid), le Président de de la Communauté urbaine de Dunkerque, Patrice Vergriete, avait à cœur de montrer que ce territoire se situe à l’avant-garde de la transition énergétique.

En matière d’hydrogène, Dunkerque peut déjà revendiquer une première. La ville a accueilli à partir de 2014 le projet GRHYD (Gestion des Réseaux par l’injection d’Hydrogène pour Décarboner les énergies), qui a été le tout-premier projet en France de power-to-gas. Coordonné par ENGIE en lien avec 10 autres partenaires, ce projet soutenu par l’ADEME, a permis de tester en grandeur nature sur le territoire deux cas d’usage. Le premier était un projet de carburant (Hythane : un mélange de méthane et d’hydrogène -à hauteur de 6 % d’hydrogène et ensuite jusqu’à 20 %) pour alimenter des bus. Le second, plus emblématique, était un projet d’injection d’hydrogène dans un réseau de distribution de gaz naturel. Il a été appliqué dans un nouveau quartier d’environ 100 logements à Cappelle-la-Grande. L’hydrogène est entré dans les maisons sous la forme d’un mélange avec le gaz naturel, dans des proportions jusqu’à 20 % en volume.

Mais c’est surtout en matière d’industrie que Dunkerque voit les choses en grand. Le bassin se veut le premier hub CO2 et H2 français dédié à la décarbonation. En raison des multiples projets initiés par les industriels (dont ArcelorMittal, qui a présenté sa feuille de route CO2 à l’occasion des journées Hydrogène), il fixe un objectif de réduction de 19 % des émissions nationales dans l’industrie d’ici 2050. Le Grand port de Dunkerque affiche également ses ambitions. Il veut installer des stations à hydrogène dans les 3 à 5 ans sur la zone portuaire afin de permettre aux transporteurs d’alimenter leur flotte de camions. Une mesure qui vient en complément de prises électriques à quai et de stations de bio GNL pour les bateaux.

Port de Dunkerque

Dunkerque est aussi la première plateforme énergétique d’Europe. Elle va se doter d’un champ éolien d’une capacité de 600 MW en 2027. Dès 2023, les centrales photovoltaïques déployées sur des espaces portuaires pourront générer 40 MW. Le territoire accueille des grands noms de l’énergie dont TotalEnergies, Air Liquide, ENGIE, sans oublier EDF qui exploite la centrale de Gravelines. A ce sujet, le Président de l’agglo, Patrice Vergriete, estime qu’il faut à la fois des éoliennes off-shore et du nucléaire pour produire de l’énergie. Et s’agissant des infrastructures, le territoire est bien placé. 2700 km de canalisations sont connectés au site d’Air Liquide qui produit plusieurs gaz dont de l’hydrogène. Pour sa part, GRTGAz a identifié Dunkerque et sa zone portuaire comme des sites stratégiques pour le stockage et le transport d’hydrogène. En ce qui concerne la production d’hydrogène vert, le projet H2V59 porté par H2V Industry prévoit la création d’une usine de production sur la commune de Loon-Plage, à une dizaine de km de Dunkerque et un raccordement électrique au poste de Grande-Synthe. Ce projet d’énergie renouvelable produira 28 000 tonnes d’hydrogène vert par an et créera 70 emplois directs.

Dunkerque voudrait par ailleurs faire l’acquisition de 10 bus (et à terme convertir l’ensemble de la flotte) et de bennes à ordures. L’idée est d’alimenter la future station H2 avec le vent de Dunkerque. « Un beau symbole » pour Patrice Vergriete, car c’est de l’énergie gratuite et locale, sachant que le transport public est également gratuit dans la cité de Jean Bart (un choix qui a permis de doubler la fréquentation en deux ans). Le Président de l’agglo compte sur l’ADEME pour l’aider à réaliser ce projet. A titre personnel, il est convaincu que « l’hydrogène permettra de prendre le relais quand la voiture électrique aura atteint un plafond ».

Au total beaucoup de projets donc. Au niveau régional, ces actions s’inscrivent dans un cadre qui a pour nom Rev3 (la troisième révolution industrielle, prônée par l’économiste américain Jérémy Rifkin, et qui repose entre autres sur l’hydrogène).

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