L’île Heligoland en mer Baltique accueille un projet innovant d’éoliennes produisant de l’hydrogène

Comment Helgoland, ce micro-archipel composé de deux îles ancrées en mer du Nord à 48 km des côtes allemandes, a-t-il pu faire partie des premiers bénéficiaires des subventions nationales pour l’hydrogène ?

Jörg Singer, maire de l’île et président de l’association de promotion de la production en mer d’hydrogène Aqua Ventus, est intarissable. «Au XIXe siècle, les insulaires étaient pêcheurs ou pilotes de bateau sur l’estuaire de l’Elbe. Ils ont aussi été contrebandiers ou militaires. Et dans les années 1970-1980, ils ont surtout vécu du tourisme et des duty free.».

Maire de l’île, Jörg Singer

Mais malgré ses produits hors taxes, ce micro-archipel n’a pas résisté à l’impitoyable concurrence des plages méditerranéennes. Le Maire de l’île précise que lors de son élection en 2011, « le déficit annuel d’Heligoland tournait autour des 5 millions d’euros. Les revenus s’étaient effondrés et il fallait couvrir les frais de fonctionnement, comme l’évacuation des ordures sur le continent ou les coûteuses livraisons de fuel pour le chauffage».

1500 éoliennes offshores

L’île a donc dû trouver à se reconvertir. Et cette reconversion obligée passe par les énergies renouvelables avec par exemple l’installation au large de l’île de 1500 éoliennes offshores. Aujourd’hui, la situation est beaucoup plus confortable avec des revenus annuels issus de l’éolien qui sont passés d’environ 1 million d’euros il y a 10 ans, à 15 millions d’euros aujourd’hui. Ce qui a permis à la commune d’investir dans une piscine d’eau de mer ou de rénover entièrement le bassin principal du port et la «promenade» attenante. Comme le précise le maire, ils sont ainsi prêts « à relever un nouveau défi énergétique qui se présente, celui de la production d’hydrogène vert!»

Pour atteindre les objectifs de neutralité climatique fixés dans l’accord de Paris (2015), l’Allemagne abandonnera le nucléaire en 2022 et le charbon en 2038. Pour éviter une explosion des prix de l’énergie et assurer l’approvisionnement des ménages, des transports et de l’économie, le pays est donc forcé d’augmenter massivement sa production électricité verte, c’est-à-dire basée sur les énergies renouvelables.

Pour l’éolien en mer, les objectifs sont de passer de 7,7 gigawatts (GW) de puissance actuellement installée (1500 éoliennes offshore), à au moins 40 GW en 2040. «Tout ceci fait de l’hydrogène, une des solutions d’avenir sur laquelle le gouvernement a décidé d’investir 9 milliards d’euros de subventions dans un premier temps», commente Jörg Singer. Lequel évoque avec enthousiasme son nouveau projet, l’association «Aqua Ventus», un groupement de 64 partenaires industriels et institutionnels, prêts à produire de l’hydrogène en mer d’ici à 2025.

La production d’hydrogène est aujourd’hui plébiscité car elle permet de transformer l’électricité en un produit stable et transportable qui peut être ultérieurement utilisé pour produire à nouveau de l’électricité. C’est un vrai vecteur de stockage de l’électricité, adapté aux aléas des énergies renouvelables qui ne peuvent être produites que quand le vent souffle ou quand le soleil brille.

Comme le rappelle Claudia Kemfert, spécialiste des questions d’énergie pour l’Institut berlinois de recherches économiques (DIW), l’hydrogène n’est pas la panacée. Dans bien des cas, «il sera plus économique de livrer le courant électrique directement et d’installer des panneaux solaires sur toute nouvelle construction. Mais l’hydrogène vert sera particulièrement important pour la transition énergétique dans l’industrie, notamment pour la production d’acier ou dans l’industrie lourde», explique-t-elle.

Dans un premier temps, M. Singer et ses associés, dont l’électricien RWE et l’équipementier Siemens, ont prévu l’installation en mer d’une unité d’électrolyse, afin de transformer sur place le courant en hydrogène qui sera amené par pipeline jusqu’à Heligoland. La production doit démarrer en 2025. Et jusqu’en 2030, cet hydrogène sera transporté sur le continent par bateau.

Source : Mediapart, La Liberté

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