Figurant parmi les lauréats de la dernière vague du prix i-Nov*, Farwind Energy est une start-up nantaise qui veut exploiter le vent en haute mer pour en faire de l’énergie propre.
Fondée il y a tout juste un an, la jeune pousse est issue de l’École Centrale de Nantes, l’une des toutes premières écoles d’ingénieurs de France, réputée au niveau international pour la recherche sur les énergies marines renouvelables. Elle s’appuie sur 5 ans de recherches. Avant de créer Farwind Energy, Aurélien Babarit travaillait comme chercheur et a commencé en 2016 à étudier la technologie du voilier-hydrolienne. Alors que les éoliennes suscitent des débats passionnés sur terre comme sur les côtes, l’idée est ici d’exploiter à bord d’un bateau la puissance du vent en haute mer. Comme l’explique sur son site la start-up, ce gisement est complètement inexploité, en raison des coûts de raccordement au réseau électrique.
La solution est donc de déployer un voilier-hydrolienne. Comme tout voilier, ce navire serait propulsé par le vent. Mais, avec une différence de taille. En guise de voiles, il utilisera des rotors Flettner, qui sont des cylindres verticaux en rotation autour de leur axe. La vitesse du navire permet alors de faire tourner des hydroliennes placées sous la coque et qui convertissent l’énergie cinétique en électricité. Précisons au passage que si un prototype de 5 mètres a permis de valider la technologie, le bateau à l’échelle mesurera 80 mètres, voire davantage par la suite. Le voilier-hydrolienne embarquerait quatre rotors, sous la forme de tubes de 35 mètres de haut et de 5 mètres de diamètre. Et deux hydroliennes prendraient place sous la coque. L’énergie serait ensuite stockée dans des batteries ou dans des réservoirs sous forme d’hydrogène (obtenu par électrolyse de l’eau). Farwind Energy prévoit aussi de produire du méthanol, voire de l’ammoniac (par combinaison de l’hydrogène produit par électrolyse avec du dioxyde de carbone ou de l’azote).
Voir la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=S55E8V9rA6s
Le grand intérêt est de pouvoir aller chercher une source d’énergie gratuite sans déployer d’infrastructure particulière. De plus, l’utilisation d’un navire permet de transporter facilement l’hydrogène dans les ports, qui vont à terme être aménagés en écosystèmes. A l’échelle 1, le navire délivrerait une puissance de 2,5 MW soit 10 GWh par an. En hydrogène, cela donnerait une production de 800 kg/jour. Une telle production dépasserait celle d’une éolienne de 5 MW à terre… Selon Farwind, chaque voilier-hydrolienne permet d’économiser jusqu’à 5 000 tonnes de CO2 par an en comparaison avec une centrale à fioul. Toutefois, il faudrait une flotte de 70 navires pour alimenter en électricité une île comme la Guadeloupe.
Le projet est développé avec plusieurs partenaires. On retrouve ainsi Loiretech, impliquée dans le co-développement des rotors. EN Moteurs fournit les hydroliennes et Meltemus les logiciels de routage pour bénéficier des meilleures conditions de vent. Pour les batteries, des discussions sont menées avec Verkor, une start-up dont on parle beaucoup en ce moment. Le calendrier. La société compte finaliser les études fin 2022 et présenter une première plateforme à échelle 1 courant 2024. La start-up compte lever 9 M€, soit la moitié du coût de ce premier navire. Le reste devrait venir d’aides et programmes publics de R&D. Une première levée de fonds de 1 M€ vient d’être bouclée auprès notamment de business angels et de l’Ecole Centrale de Nantes.
*Ce Concours d’innovation – i-Nov est un dispositif de soutien financé par le Programme d’Investissements d’Avenir (PIA) qui a pour vocation de sélectionner des projets d’innovation à fort potentiel pour l’économie française. Il est porté par Bpifrance et l’ADEME.
(Sources : Farwind Energy, Atlanpole, Usine Nouvelle)